Interdiction des encres de tatouage
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Tin-tin et Grenouille, leaders du Syndicat National des Artistes Tatoueurs (S.N.A.T), ont été reçus mercredi 27 novembre à l'Assemblée nationale. (Fred Dufour - AFP) |
Interdiction des encres de tatouage : vers une catastrophe sanitaire et sociale
A partir du 1er janvier 2014, uniquement en France, les tatouages vont perdre bon nombre de leurs couleurs.
Cette décision, si elle est prise, mettra en péril des milliers d'emplois et risque, sans nul doute, de provoquer des problèmes sanitaires...un comble quand on sait que l'ANSM (Agence Nationale de la Sécurité du Médicament) est à l'origine de toute cette affaire !!!
Explications....
Chronologie des faits
Le 6 février 2001, l'ANSM prend un arrêté qui dresse la liste des produits ne pouvant entrer dans la compostion des produits cosmétiques.
En janvier 2013, des dermatologues alertent sur les dangers des tatouages éphémères et permanents (dans le texte,
ceux-ci rappellent d'ailleurs que le choix du tatoueur est essentiel et
que "le risque majeur lors d'un tatouage (est) la contamination
croisée". Nous y reviendrons plus tard).
Le 6 mars 2013, un nouvel arrêté
de l'ANSM étend le champ d'application de l'arrêté du 6 février 2001
aux produits entrant dans la composition des encres de tatouage. Dans un
dernier arrêté en date du 24 mai 2O13, la date d'application de l'interdiction est portée au 1er janvier 2014.
Pourquoi une telle décision ?
L'ANSM avance l'argument, séduisant de
prime abord, du "principe de précaution". En effet, si des produits sont
dangereux en application superficielle sur la peau alors ils devraient
l'être tout autant lorsqu'ils sont insérés à l'intérieur de celle-ci.
Evident ! ...peut-être un peu trop !!!
Les limites de cette décision
Elles sont en fait de trois ordres : scientifique, réglementaire et politique.
D'un point de vue scientifique,
la décision unilatérale de l'ANSM ne repose sur aucune étude portant
sur la dangerosité supposée des encres de tatouage...pour la simple et
bonne raison qu'aucune étude de ce type n'a été menée en France !!!
Quel dommage de ne pas avoir profité des
12 années séparant l'arrêté du 6 février 2001 de celui du 6 mars 2013
pour tenter d'étayer une argumentation scientifique inexistante !!!
Et la position des dermatologues me direz vous ?! D'abord cette position n'est pas unanime dans la profession (cf. la position du professeur Nicolas Kluger, dermatologue spécialiste des questions de tatouage) et elle est loin d'être objective !!! Sans faire de procès en mauvaise intention (en
2000, l'Académie Nationale de Médecine, dans son dictionnaire de
psychiatrie, classe le tatouage dans la sphère des perversions et des
maladies psychiatriques !!!),
ceux-ci ont une vision altérée du tatouage. Il est quand même extrêment
rare que des personnes tatouées viennent spontanément exhiber des
tatouages sans complication devant un dermatologue !!!!
Et les dangers listés par ces
dermatologues ne concernent pour la plupart nullment la qualité des
encres utilisées (cf. document calaméo ci-dessous) mais bien des
problèmes liés à la procédure en elle-même...procédure encadrée par la
loi, telle que recommandée par les dermatologues, depuis mars 2008.
D'un point de vue réglementaire, la décision de l'ANSM, si elle rentre en application, entrerait en contradiction avec la réglementation européenne (cf. lettre du SNAT du 17 septembre 2013).
Hormis la France, tous les pays enropéens se réfèrent au règlement CE n° 1223/2009 pour
autoriser ou interdire les encres de tatouage. Les encres sont
autorisées après validation par un laboratoire allemand certifié et
accrédité par Bruxelles (le Chemical-Technological Laboratory).
La France, en interdisant des encres par
ailleurs autorisées dans le reste de l'Union Européenne, se mettrait
ipso facto en contradiction avec l'article 9 du règlement européen
précédemment cité, article concernant la libre circulation des produits.
D'un point de vue politique, une telle décision est un non-sens !
L'objectif de santé publique, louable et
respectable, à l'origine de l'arrêté de l'ANSM ne sera pas atteint !
Bien au contraire !!!
Restreindre sans fondement l'utilisation
des encres, favorisera l'implantation de salons de tatouage clandestins
dans lesquels les problèmes de contamination se multiplieront.
Aujourd'hui déjà, les cas de complications graves proviennent
majoritairement de ce type de "tatoueurs" exerçant leur "art" à
domicile.
Quand on sait qu'1 français sur 10 est tatoué (source INSEE), cette décision ferait encourir des risques sanitaires graves à une grande part de la population française.
Dans un autre registre, plusieurs
milliers d'emplois seront directement ou indirectement menacés si cette
interdiction entre en application. On ne peut décemment pas laisser une
nouvelle casse sociale se préparer dans l'indifférence générale.
En conclusion
On ne peut que se joindre au Syndicat
National des Artistes Tatoueurs dans sa lutte contre l'interdiction
programmée des encres de tatouage.
Loin de réfuter l'idée d'une
réglementation permettant de limiter les risques liés au tatouage, le
SNAT se bat aujourd'hui pour la survie d'une profession en constante
évolution, dans la coopération avec les différentes instances
nationales.
L'interdiction prévue au 1er janvier 2014 doit être annulée.
La législation française doit se mettre en harmonisation avec le règlemant européen CE n° 1223/2009
De véritables études scientifiques
doivent être menées pour qu'enfin la vision rétrograde de l'Académie
Nationale de Médecine concernant le tatouage ne soit plus la pierre
angulaire de toute politique sanitaire dans ce domaine.
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